Risques et bénéfices de l’hivernage en altitude

2023-2024

 

NOTA BENE : Cette première page du site dédié à Apinverno présente succinctement la genèse du projet, les hypothèse de départ et les grandes lignes du projet. Dans les autres pages du site, vous pourrez trouver toutes les informations et les résultats au fur et à mesure de l’avancement de ce projet.

 

Objectifs principaux du projet Apinverno :

1) Conséquences du traitement hivernal contre Varroa en altitude sur la structure des colonies à la sortie de l’hiver et sur la charge en Varroa, en comparaison avec le traitement hivernal près du littoral ou en plaine

2) Intérêt de l’encagement des reines pour l’efficacité du traitement hivernal en plaine contre Varroa

3) Conséquence d’un traitement hivernal contre Varroa réussi sur la production en cours de saison

4) Potentiel hygiénique des colonies et efficacité du traitement hivernal

 

Principes du projets

Apinverno est la suite d’un premier projet ALCOTRA (Innov’Api 2017-2021) consacré à l’amélioration du contrôle de Varroa.

Avant la fin du projet Innov’Api, la crise sanitaire a privé apiculteurs et partenaires du projet Innov’Api (UNAAPI, ADAPI, DISAFA- Université de Turin et INRAE-PACA) de la possibilité de se rencontrer sur les ruchers, de partager leur expérience de la mise en pratique de l’innovation technique validée par le projet Innov’Api et de trouver des réponses concrètes du contrôle de Varroa en hiver, question qui a émergé des travaux du projet Innov’Api.

Le projet Apinverno (pour le api in inverno / les abeilles en hiver) est donc :

  1. l’opportunité d’organiser des rencontres techniques entre apiculteurs français et italiens sur les ruchers et de consolider et de pérenniser la coopération transfrontalière en apiculture qui est née pendant le projet Innov’Api, ce qui est fortement souhaité par les apiculteurs ;

  2. la réponse à la question du contrôle de Varroa sur les colonies hivernantes ; nous engagerons avec les apiculteurs un protocole simplifié pour vérifier l’effet du lieu d’hivernage (montagne ou plaine dans les deux pays) couplé avec une opération sur les colonies (l’encagement de la reine) dans l’esprit de l’innovation technique mise en oeuvre dans Innov’api.

Les hypothèses de départ

Au cours des 4 années d’Innov’api, nous avons mis en évidence l’importance du traitement hivernal contre Varroa sur la qualité du développement des colonies en saison et sur la production (voir Cahier Technique Innov’api… lien vers la version FR ou la version IT). Une des raisons de l’échec du traitement hivernal contre Varroa est le radoucissement de la période hivernale qui empêche que l’arrêt de ponte soit bien marqué ; l’efficacité des traitements peut être optimisée en recherchant les moyens d’obtenir une période sans couvain. Les partenaires d’Apinverno ont donc fait plusieurs hypothèses : :

  1. l’hivernage en montagne au moment du traitement contre Varroa pourrait faire bénéficier les apiculteurs d’un arrêt « naturel » de la ponte dû aux températures plus froides.

  2. l’encagement de la reine dans les ruchers à basse altitude pourrait servir à créer un arrêt de ponte dirigé et contrôlé pour permettre de planifier un traitement hors couvain.

  3. les aptitudes aux comportements hygiéniques des colonies pourraient renforcer l’efficacité des traitements en hiver contre Varroa.

Déroulement du projet

Le projet Apinerno a été construit par les mêmes partenaires que ceux qui ont animé Innov’Api. A la suite de celui-ci, le programme ALCOTRA a ouvert la possibilité de projet d’un an. Les péripéties budgétaires ont conduit à un début officiel de ce projet « Transition » en Juin 2023. Depuis la fin du projet Innov’Api (Juillet 2021), les partenaires ont cependant mis en œuvre un protocole répondant aux objectifs ci-dessus. Il y a donc deux phases dans le projet Apinverno : 1) une première phase (septembre 2021 – juillet 2023) d’investigation sur les objectifs 1 et 2, ce qui a permis de suivre deux saisons apicoles complètes. 2) une deuxième phase septembre 2023 – mars 2024) sur l’objectif 3.

Les réunions avec les apiculteurs

À de multiples reprises, les partenaires se sont réunis lors de la premère phase du projet : 4 comités de pilotage avc les apiculteurs participants, plusieurs visio-conférence et une participation à la Foire Apicole de Piacenza (APIMEL, 28-29 Octobre 2021).

Deux réunions sont prévues au cours de ce projet, l’une au début de Janvier 2024 en France et l’autre qui sera la restitution finale d’Apinverno au début de Mars 2024.

Protocole de la première phase

Le dispositif général est constitué de deux ruchers en Italie et de deux ruchers en France. Ces ruchers appartiennent à quatre apiculteurs différents.

Chacun des ruchers est constitué de deux lots de 30 colonies : un lot a été hiverné en altitude et l’autre en plaine. Les lots de colonies sont homogénéisés par une procédure de tri utilisant les données de la première description.

Sur la moitié de chaque lot, après le traitement de fin de saison, la reine a été encagée pendant 21 à 25 jours avant deux passages pour un traitement à l’Acide Oxalique après décagement.

Soit 240 colonies au total.

Trois visites sont organisées au cours de la saison : Septembre (après traitement d’été ; entrée en hivernage), Mars-Avril (sortie d’hiver), Juin-Juillet (avant la miellée d’été).

A chaque visite, sur chaque colonie, les informations suivantes sont relevées : - structure de la colonie (méthode COLEVAL, Hernandez et al, 2020)*1 ; - charge en Varroa (méthode lavage Teepol) ; - le poids des corps ; - la charge virale (5 virus : DWV, AIPV, CBPV, BQCV et SBV) ; - le comportement hygiénique (une mesure en Septembre et une mesure Mai-Juin ; méthode du Pin-Test) - en saison, le poids des récoltes.

 

Protocole de la deuxième phase

La mesure du comportement hygiénique par le Pin-Test est largement utilisée mais elle souffre d’une instabilité importante selon que les colonies ont une activité de butinage importante ou non à l’automne ou au printemps (Tison et al, 2022)*2 La principale question est de savoir si une colonie manifeste un comportement hygiénique constant quand la mesure du Pin-Test est répétée. Sur un rucher de 40 colonies en Italie et en France ont été mis en place au début de Septembre 202. Trois Pin-test seront effectués à 8-10 jours d’intervalle sur chaque colonie. A la date du premier et troisième Pin-test, la structure de la colonie (Coleval), la charge en Varroa et le poids des corps seront mesurés. La même opération sera répétée en Mars 2024.

Méthode du Pin-Test

La méthode du Pin-Test utilise un tampon de 50 aiguilles fines (0.1 mm) qui sont disposées comme les centres des cellules de couvain. En applicant ce tampon sur une zone de couvain operculé (stade yeux rose à yeux violet), les nymphes sont tuées. Le cadre traité est remis dans la ruche. Aprés 4 heures, le pourcentage de cellules plus ou moins complèement nettoyées par raport au nombre de cellules piquées, est calculé. C’est ce pourcentage qui est l’indicateur du comportement hygiénique de la colonie.

References

1 Hernandez, J., Maisonnasse, A., Cousin, M., Beri, C., Le Quintrec, C., Bouetard, A., … & Kretzschmar, A. (2020). ColEval: honeybee colony structure EVALuation for field surveys. Insects, 11(1), 41. 2 Tison, L., Riva, C., Maisonnasse, A., Kretzschmar, A., Hervé, M. R., Conte, Y. L., & Mondet, F. (2022). Seasonal and environmental variations influencing the Varroa Sensitive Hygiene trait in the honey bee. Entomologia Generalis, 42(1).